Dominique Lecoq ou le malaise dans le management

Publié le par Agnes Delcourt

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Psychanalyste, coach, maître de conférence au Cnam, Dominique Lecoq s’interroge sur le rôle du coach dans un pays comme la France, où le rapport au travail est foncièrement affectif. Alors que dans les cultures anglo-saxonnes, le travail, « c’est pour gagner sa vie », en France, le « travailleur » est toujours à la recherche de quelque chose d’autre, et notamment d’une certaine reconnaissance en tant que sujet au travail et responsable d’une mission au sein d’une entreprise. Dans un contexte de plus en plus tendu, l’écart ne cesse de grandir entre une demande disproportionnée de reconnaissance et des objectifs quantitatifs à remplir, des normes à respecter, des contrats à honorer… D’où la solitude qui grandit (indissociable de l’indistinction comme la décrit Marie-France Hirigoyen dans « Les nouvelles solitudes »), d’où le malaise qui gagne de plus en plus d’entreprises, d’où les « sales cons » (à la manière de Robert Sutton, professeur de management à la Stanford Engineering School) qui prolifèrent, d’où les conflits sociaux qui ne trouvent plus leur sens (décrits notamment par Thomas Philippon dans son ouvrage « La crise française du travail », où il définit ces castes sociales auto-reproduites)…
Que fait le coach dans ce contexte ? Est-il là pour redonner de l’ « être » au « travailleur » considéré comme un simple « outil » ? N’agit-il pas plutôt à l’image d’un « catalyseur » permettant à l’être travaillant de s’y retrouver en tant que sujet, et par conséquent de voir que sa demande vis-à-vis de l’entreprise n’a pas lieu d’être formulée dans la mesure où ce n’est pas la fonction de celle-ci ? Qui pourrait légitimer un sujet (et de quel droit), si ce n’est le sujet lui-même ? Le coaching est une recherche permanente et non une théorie figée où le coaché pourrait puiser des recettes toutes faites pour trouver sa propre légitimité.  Et si coaching rimait avec expérience de vie, tout simplement ?

Publié dans Pistes d'exploration

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G
Comment concilier un travail sur soi avec le fait d’être un outil du Capital ? Comment un psychanalyste peut être « coach » sinon par charlatanisme et méconnaissance de la psychanalyse. Imagine-t-on Freud ou Lacan faire du coaching et de la médiation ? Charlatan et cuistre, ces grossiers épiciers de la souffrance au travail sont de vrais dangers humains.
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